Le yen et les obligations accentuent la pression sur Takaichi avant sa rencontre avec Ueda.
La Première ministre japonaise, Sanae Takaichi, subit une pression croissante pour assouplir sa position sur la politique de la Banque du Japon et dévoiler un plan de relance économique assorti d'un financement crédible, alors que le yen et les obligations d'État perdent du terrain avant sa rencontre avec le gouverneur de la Banque du Japon, Kazuo Ueda.
La Première ministre japonaise, Sanae Takaichi, subit une pression croissante pour assouplir sa position sur la politique de la Banque du Japon et dévoiler un plan de relance économique assorti d'un financement crédible, alors que le yen et les obligations d'État perdent du terrain avant sa rencontre avec le gouverneur de la Banque du Japon, Kazuo Ueda.
Le yen s'est déprécié mardi à 155,38 pour un dollar, son plus bas niveau depuis janvier, sur fond de spéculations croissantes quant à un possible report de toute hausse des taux par la Banque du Japon. Le temps que Takaichi élabore un plan de relance économique plus important que prévu, qui pourrait être publié dès cette semaine. Le rendement des obligations japonaises à 20 ans a atteint lundi son plus haut niveau depuis 1999, principalement en raison des craintes renouvelées que ce plan de relance n'aggrave la dette publique.
Takaichi doit rencontrer Ueda à 15h30 au bureau du Premier ministre à Tokyo. Leurs déclarations à l'issue de cette discussion seront scrutées de près par les observateurs de la Banque du Japon afin d'anticiper la prochaine hausse des taux, que la plupart prévoient au plus tard en janvier.
Les deux hommes se rencontreront au lendemain de la publication d'un rapport gouvernemental indiquant que l'économie japonaise s'est contractée de 1,8 % en rythme annuel durant l'été, soit la première baisse en six trimestres. Cette contraction s'explique par l'impact négatif des modifications réglementaires dans le secteur de la construction et des droits de douane américains sur l'activité économique. Certains économistes estiment que le rapport sur le PIB n'est pas aussi alarmant que le laissent entendre les chiffres officiels, mais cette contraction devrait néanmoins conforter Takaichi dans sa volonté d'élaborer un plan de dépenses ambitieux.
« Takaichi doit faire preuve de prudence, car si elle demande ouvertement un gel des taux d'intérêt pour le moment, le yen chuterait facilement sous la barre des 160 », a déclaré Tsuyoshi Ueno, économiste en chef de l'Institut de recherche NLI. « Takaichi exprimera probablement son soutien à une absence de hausse des taux de manière très nuancée, tandis qu'Ueda réaffirmera la position de la Banque du Japon en faveur d'une hausse des taux. »
Le montant des nouvelles dépenses prévues dans le cadre des mesures économiques devrait dépasser les 13 900 milliards de yens (89,5 milliards de dollars) de l'année dernière, selon un sondage Bloomberg. Un groupe de membres du Parti libéral-démocrate au pouvoir a plaidé lundi pour un plan d'environ 25 000 milliards de yens, d'après les médias locaux. Le Japon affiche le niveau d'endettement public le plus élevé parmi les pays développés.
Takaichi, partisane d'une politique monétaire accommodante, a laissé entendre qu'elle soutenait une approche selon laquelle la Banque du Japon relèverait ses taux d'emprunt progressivement, autorisant ainsi indirectement les cambistes à vendre le yen. Un yen plus faible renchérit les importations, ce qui compromet ses efforts pour atténuer l'impact de l'inflation élevée sur les ménages. Jusqu'à présent, elle a abordé la question en promettant des mesures telles qu'une réduction des taxes sur l'essence et des subventions aux services publics.
Alors que la prochaine décision de politique monétaire de la Banque du Japon n'est attendue que dans plus d'un mois, les cambistes restent vigilants face au risque d'intervention du ministère des Finances sur le marché des changes. Satsuki Katayama, la ministre des Finances, a réitéré ses inquiétudes mardi matin, évoquant des mouvements rapides et unilatéraux sur le marché.
Si Takaichi choisit d'exprimer clairement son souhait d'éviter toute hausse des taux à court terme, elle s'exposera à des pressions de la part des États-Unis. Dans une démarche tout à fait inhabituelle pour un secrétaire au Trésor américain, Scott Bessent a exhorté le mois dernier le gouvernement de Takaichi à laisser à la Banque du Japon la latitude nécessaire pour modifier sa politique monétaire afin de lutter contre l'inflation.
Le yen a souvent été une source de problèmes pour les autorités japonaises. En juillet dernier, la devise a chuté jusqu'à 161,95 pour un yen, son niveau le plus bas depuis 1986, ce qui a incité le gouvernement à intervenir sur le marché des changes. La Banque du Japon a ensuite relevé ses taux quelques semaines plus tard, une décision qui a surpris les investisseurs et contribué à déclencher des turbulences sur les marchés financiers mondiaux.


