La catastrophe des données américaines est bel et bien là
Il y a quelques mois, nous avons envoyé une newsletter intitulée « Le désastre des données en Amérique est déjà là ». Et je pense qu'il est bel et bien là.
Il y a quelques mois, nous avons envoyé une newsletter intitulée « Le désastre des données en Amérique est déjà là ». Et je pense qu'il est bel et bien là.
Maintenant que le gouvernement américain est fermé, nous n'aurons pas de données sur les salaires américains pour le mois de septembre ce vendredi, ni un tas d'autres publications économiques provenant de sources gouvernementales officielles.
Certains commentateurs affirment que cela importe peu pour les marchés, car les investisseurs peuvent simplement consulter d'autres sources de données privées. C'est vrai dans une certaine mesure. Il existe de nombreuses autres options ! Bloomberg propose d'ailleurs une fonction très pratique ({WSL ALTE}) sur son terminal, qui centralise les alternatives privées aux données du BLS sur l'emploi. (Cette fonction dispose également de sources de données propriétaires pour des données comme l'inflation et les dépenses.)
Il existe donc assurément des alternatives. Le problème est que les données privées ne constituent pas nécessairement un substitut parfait aux chiffres officiels, notamment parce qu'elles dépendent souvent des statistiques officielles.
Par exemple, concernant le marché du travail, nous avons reçu aujourd'hui les données ADP pour septembre, qui montrent que les entreprises américaines ont supprimé 32 000 emplois. C'est très différent des 51 000 emplois attendus collectivement par les économistes !
Cet écart est en partie dû aux révisions des indices de référence d'ADP, qui ont modifié la pondération des emplois dans différents secteurs. Ces révisions se basent – vous l'aurez deviné – sur les données officielles QCEW publiées par le BLS, qui offrent une image beaucoup plus complète (mais décalée) du marché du travail américain. (Nous avons déjà évoqué le QCEW dans cet espace.)
Les données d'ADP révèlent également une part plus restreinte du marché de l'emploi que les données sur la paie, puisque seules les entreprises qui utilisent effectivement les services de paie d'ADP sont prises en compte dans les chiffres. ADP est peut-être le plus grand fournisseur de services de paie aux États-Unis, mais il ne représente qu'environ 10 % du marché total. C'est l'une des raisons pour lesquelles les analystes jugent parfois ce rapport peu convaincant, et l'écart entre les chiffres de paie d'ADP et ceux du BLS est devenu un sujet de discussion majeur ces dernières années.
Globalement, les données du secteur privé ne remplacent pas parfaitement les données officielles, comme nous allons bientôt le constater en temps réel. Paul Donovan, économiste en chef d'UBS, l'explique ainsi :
Cette porte est désormais claquée.
En parlant de données du secteur privé, nous avons reçu aujourd'hui la dernière publication de l'ISM manufacturier. Il n'y a cependant pas eu beaucoup de surprises. Le secteur manufacturier continue de se contracter. L'emploi dans ce secteur continue de baisser. Les commentaires anecdotiques restent majoritairement négatifs sur l'état des tarifs douaniers et des taux d'intérêt. Les composants électriques et électroniques sont toujours en pénurie. On entend tout cela à maintes reprises.
Je tenais toutefois à souligner un point : les prix, tout en continuant d'augmenter, ralentissent également, comme le montre le tableau ci-dessous. Et cette tendance se confirme depuis maintenant 12 mois.
De nombreuses questions ont été soulevées quant à l'impact des droits de douane sur l'inflation générale. Intuitivement, on pourrait s'attendre à le voir se répercuter sur les produits manufacturés, soit parce que les produits concurrents étrangers ont été taxés, soit parce que le coût des intrants augmente. Mais, du moins selon cette enquête, cette longue et lente tendance désinflationniste se poursuit.
Avec une lecture de 61,9, cela reste un niveau élevé, mais le rythme des augmentations continue de diminuer lentement.
Bien sûr, il ne s’agit là que d’un extrait d’un rapport, mais il faut le surveiller de près pendant que nous évaluons l’impact des tarifs sur l’environnement macroéconomique global.
Nous continuons de diffuser des épisodes de notre voyage à Chicago et de notre émission en direct de la semaine dernière. Aujourd'hui, nous vous proposons une interview avec Tarek Mansour, fondateur et PDG du marché de prédiction Kalshi. Depuis un an environ, les marchés de prédiction sont devenus incontournables et visent à négocier presque tout. Mais les discussions sur ces plateformes s'accompagnent souvent de vives critiques concernant des sujets comme la réglementation et les jeux d'argent. Nous abordons tous ces sujets, Tarek.