Comment une fermeture du gouvernement américain pourrait affecter les marchés financiers
Après l'échec des Démocrates et des Républicains à parvenir à un accord sur le maintien du financement du gouvernement fédéral américain, un « shutdown » (paralysie du gouvernement) se profile. La date limite pour parvenir à un accord est minuit ce soir. Bien qu'un accord de dernière minute soit envisageable, il semble y avoir peu de terrain d'entente entre les deux camps.
Les deux camps s'en tiennent à leurs revendications : les démocrates subissent la pression des progressistes de leur parti pour tenir tête à Trump, et la Maison Blanche a menacé de licencier des employés fédéraux plutôt que de les mettre en congé si la fermeture du gouvernement se produit.
Si une paralysie se produit, ce serait la deuxième sous la présidence de Trump, la première depuis son premier mandat, entre 2018 et 2019. Les Républicains sont convaincus que les Démocrates finiront par céder ; on espère donc qu'un accord pourra être trouvé, et que toute paralysie du gouvernement sera temporaire.
Comment une fermeture du gouvernement pourrait affecter les marchés financiers
Une paralysie des pouvoirs publics n'affecte pas la capacité du gouvernement à rembourser sa dette aux obligataires ; elle ne devrait donc pas avoir d'impact direct sur la solvabilité des États-Unis ni sur les rendements obligataires. De plus, les paralysies sont régulières : depuis 1976, on en a recensé 20, la plupart ayant été résolues rapidement. La plus longue a duré 35 jours en 2018.
Ce risque de fermeture, s'il est rapidement résolu, ne devrait pas avoir d'impact significatif sur la croissance. Cependant, la Maison Blanche a annoncé ce week-end, de manière inhabituelle, non seulement qu'elle mettrait en chômage partiel des fonctionnaires fédéraux, mais qu'elle pourrait également les licencier définitivement. Cela pourrait faire grimper le taux de chômage et impacter les chiffres de l'emploi hors administration fédérale dans les mois à venir, ce qui pourrait à terme entraîner une détérioration du marché du travail et une accélération des baisses de taux de la Réserve fédérale.
L'impact sur les stocks
Un confinement cette semaine pourrait entraîner une brève hausse de la volatilité, d'autant plus que l'indice Vix est inférieur à la moyenne des 12 derniers mois, à 16. Cependant, les confinements n'ont historiquement eu qu'un impact bref sur les rendements des marchés boursiers. Les actions n'ont pas chuté 50 % du temps pendant les confinements, et dans la plupart des cas, les indices américains étaient en hausse 3 et 6 mois après.
La performance du marché boursier américain pourrait ne pas être affectée par un éventuel blocage des administrations publiques. La dynamique haussière des actions américaines reste favorable à l'approche de la date limite de financement, et cette dynamique a été le principal moteur de leur croissance jusqu'à présent cette année, devant d'autres facteurs tels que la liquidité et la taille de l'économie. Il faudra donc une grave détérioration de la situation politique américaine pour perturber la dynamique haussière des marchés à l'approche des trois derniers mois de l'année. D'autres facteurs pourraient protéger les actions américaines des conséquences du blocage des administrations publiques, notamment les baisses de taux d'intérêt de la Fed pour cette année et l'année prochaine. Les paris sur une baisse des taux d'intérêt pour 2026 pourraient même augmenter si le blocage a un impact négatif sur le marché du travail américain.
Le rapport NFP pourrait être impacté
Un retard dans la publication du rapport sur l'emploi non agricole cette semaine pourrait engendrer une certaine volatilité, car ce rapport était considéré comme la dernière pièce du puzzle avant la baisse des taux de la Fed en octobre. Cependant, nous ne pensons pas qu'il compromette une baisse des taux le mois prochain, et le marché des contrats à terme sur les fonds fédéraux anticipe toujours une probabilité de 90 % d'une baisse le mois prochain.
Dans l’ensemble, même si une fermeture du gouvernement pourrait accroître la volatilité à court terme des actions, nous ne pensons pas que cela nuira aux perspectives positives en matière de risque à l’approche du quatrième trimestre.
Graphique 1 : Indice d'incertitude politique américain et SP 500, graphique sur 5 ans. Les actions américaines sont efficaces pour absorber les turbulences politiques.
Source : xtb